La guerre des pauvres a repris dans la Corne de l'Afrique. Après une
trêve de huit mois, qui a permis aux deux belligérants de se réarmer puissamment, des «combats acharnés» opposent de nouveau, depuis ce week-end, l'Ethiopie et l'Erythrée au sujet d'une poche frontalière, le triangle pierreux de Badme, qui n'a pas d'autre valeur que symbolique. L'été dernier, l'Erythrée avait réussi à occuper cette zone déserte en infligeant à son grand voisin éthiopien dix fois plus vaste et, avec 53 millions d'habitants, treize fois plus peuplé une humiliation qui ne pouvait rester sans revanche. D'autant que l'Erythrée, qui n'a obtenu son indépendance de l'ancienne Abyssinie qu'en 1993, refusait de retirer ses troupes du territoire disputé, comme le stipulait un plan de règlement proposé par l'Organisation de l'unité africaine (OUA).
Hier, pour la seconde journée consécutive, l'infanterie éthiopienne s'est lancée à l'assaut des lignes érythréennes dans la région de Badme. Ces affrontements, qui impliqueraient des chars et l'artillerie lourde, se sont doublés d'une guerre de communiqués. Selon Asmara, la vague d'attaques déclenchée hier à l'aube, aurait été appuyée par des hélicoptères de combat, mais se serait soldée par des «centaines de victimes» parmi les soldats éthiopiens: «Leurs corps jonchent le sol au-delà des tranchées dont ils sont sortis.» De son côté, Addis-Abeba annonçait avoir investi plusieurs «positions stratégiques arrachées à l'ennemi». Vendredi, l'Ethiopie avait pri