«Commune de Venise. Centre de prévision des marées, récite le répondeur. 6 février, 13 h 10: maximum 30 centimètres au-dessus du niveau moyen de la mer. 19 h 30: 10 centimètres" Marée normale.» Telle un port breton rythmé par le vent et les marées, Venise épie les vagues et les palpitations de l'Adriatique, qui, lorsqu'elles débordent sur la cité, offrent le spectacle d'une gloire éteinte happée par l'abysse. Comme chaque année, place Saint-Marc, de l'automne jusqu'au milieu du printemps, les passerelles de bois sont prêtes, disposées ici où là autour du campanile, afin de parer à la brusque montée des eaux. Pour faire front à l'appétit de l'Adriatique, qui, près de quarante fois par an, vient lécher les soubassements de la basilique byzantine et inonde un quart de la Sérénissime. «L'acqua alta (l'«eau haute») finit par avoir un impact sur la ville, se désole Francesco Indovina, professeur d'urbanisme à l'université de Venise, à force, les structures sont touchées. Non seulement il devient difficile de vivre au rez-de-chaussée, mais cela entraîne aussi une transformation économique de la cité, avec l'abandon de toute activité au profit du seul tourisme.» Après la grande crue de novembre 1966, qui atteignit près de deux mètres, la marée est ainsi devenue l'une des préoccupations majeures des Vénitiens. Et Moïse, le principal thème de débat. Après avoir étudié des dizaines de solutions, les promoteurs du Module expérimental électromécanique (Mose, «Moïse» en italien) réunis au
Reportage
Venise entre deux eaux
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publié le 8 février 1999 à 23h39
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