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Libération

La justice russe s'acharne sur les détracteurs de l'armée. Après Nikitine, le journaliste Pasko est jugé pour ses révélations sur la pollution radioactive de l'océan Pacifique.

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publié le 9 février 1999 à 23h40

Moscou, de notre correspondant.

Le procès du journaliste et capitaine de frégate Gregori Pasko, commencé le 20 janvier (Libération du 21 janvier) puis interrompu, devait reprendre hier à Vladivostok (extrême-orient russe). Rédacteur à Mission de combat, le journal de la flotte du Pacifique, mais aussi pigiste au quotidien japonais Asahi shimbun et, occasionnellement, à la chaîne nippone NHK (le Japon est à moins de deux heures d'avion de Vladivostok), Pasko, 35 ans, risque vingt ans de prison pour avoir dénoncé, et montré, dans ses reportages, la pollution nucléaire dans le Pacifique (rejets de déchets radioactifs dans la mer du Japon, etc.), et pour avoir enquêté sur des sujets, comme la promotion suspecte de généraux. Arrêté par le FSB (ex-KGB) à l'aéroport de Vladivostok en novembre 1997, alors qu'il revenait du Japon, Pasko est, depuis, en prison.

Pas de secret d'Etat. Son cas rappelle par bien des côtés celui d'un Nikitine: tous deux disent n'avoir pas divulgué des «secrets» d'Etat, ni «trahi» leur patrie, mais propagé des vérités bonnes à dire, des faits connus d'un cercle restreint, dénonçant des méfaits semblables dont s'est rendue coupable l'armée russe à travers sa flotte de la mer du Nord (Nikitine) et celle du Pacifique (Pasko). Les deux hommes ont agi en citoyens dans un pays qu'ils croyaient devenu libre. C'était compter sans le FSB, ses vieux démons, sa puissance, ses réseaux, qui vont jusqu'à la tête du pouvoir. Et sans une justice où tout accusé est déjà plus