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Libération

225 jours de «récréation forcée». Notre correspondant en Turquie raconte sa détention pour «propagande prokurde».

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publié le 10 février 1999 à 23h41

Depuis dix jours, l'écrivain et journaliste Ragip Duran a retrouvé

la liberté après sept mois et demi de prison. Dans les colonnes du journal prokurde Ozgur Gundem, il avait comparé Ocalan, le chef du PKK, à un «Garibaldi kurde». Ancien de l'AFP, chroniqueur pour la BBC et plusieurs journaux turcs, professeur d'éthique du journalisme à l'université francophone de Galatassaray, il collabore depuis cinq ans à Libération sous le pseudonyme de Musa Akdemir et désormais sous son nom. Dans ce premier article écrit depuis sa sortie de prison, il témoigne sur son incarcération. Quelque 70 journalistes et écrivains sont actuellement en prison en Turquie.

Le parcours de tout jeune Turc passe presque obligatoirement par trois étapes initiatiques: circoncision entre 7 et 12 ans, service militaire à partir de 18 ans, et, souvent au même âge, la prison. J'ai été un peu en retard pour ce troisième arrêt. Mes amis y étaient passés avant moi. Lors du coup d'Etat militaire de 1971, j'étais au lycée, et après celui de 1980, j'étais en France. A l'époque, mes amis et collègues se formaient dans les prisons d'un Etat qui, pour reprendre la situation en main, ne connaissait d'autre méthode que d'emprisonner les opposants, voire les hommes et femmes honnêtes qui ne se pliaient pas à la répression. Il est bon d'avoir des amis et des collègues qui ont déjà l'expérience de la cellule. Tous m'avaient très bien informé sur la vie carcérale et préparé aux longues journées derrière les barreaux.

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