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Libération

Primakov tisse sa toile au Kremlin. Assumant la «régence», le Premier ministre fait place nette.

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publié le 10 février 1999 à 23h41

Moscou, de notre correspondante.

Les quatre premiers mois, il fut un Premier ministre d'une discrétion exemplaire. Plaçant ses hommes à des postes clés, il tissait sa toile dans l'ombre. Plus assuré de son pouvoir, Evgueni Primakov commence aujourd'hui à montrer un tout autre visage, celui d'un politique averti et calculateur, mu par deux objectifs: renforcer l'autorité de l'Etat et assurer son propre pouvoir.

Manoeuvrier. Son offensive contre le plus célèbre des «oligarques», Boris Berezovski, en dit long sur les méthodes de ce Premier ministre secret et manoeuvrier. Officiellement, Primakov n'a pas de grands griefs contre lui. Tout juste lui a-t-il reproché récemment à la télé «de ne pas réussir» à son poste de secrétaire exécutif de la CEI (regroupant les ex-républiques soviétiques, sauf les baltes). Mais derrière le masque souriant, l'ex-patron des services secrets n'a pas pour habitude de dire tout haut ce qu'il pense. Il est pourtant clair que Berezovski représente à ses yeux deux des principaux fléaux de la Russie actuelle: la corruption portée jusqu'aux plus hauts niveaux du pouvoir, et la menace constante d'une déstabilisation de l'Etat.

En raison de son influence supposée au Kremlin, Berezovski, grand maître en intrigues, a le pouvoir de comploter contre Primakov. Le président malade serait de plus en plus le jouet de son entourage. Et Primakov n'entend pas se faire renvoyer comme un laquais, à l'instar de ses deux prédécesseurs Tchernomyrdine et Kirienko.

Berezovski