Officiellement, ce sera encore une «prison». Dans la réalité, c'est
presque la liberté. José Alexandre Gusmao, alias Xanana Gusmao, le chef de la guérilla du Timor oriental et poète à ses heures, doit en effet quitter aujourd'hui le centre de détention de Cipinang, à Djakarta. Un décret présidentiel, dont a fait état hier le ministre indonésien de la Justice, autorise le transfert de ce résistant, doté d'un sens politique aigu, dans une «résidence privée» du centre de la capitale. Les grilles d'enceinte de la vaste demeure ont été surélevées au cours des derniers jours. «27e province». Djakarta, qui paraît plus ou moins résigné à «lâcher» ce territoire contesté, a souligné qu'il ne s'agissait pas d'une «résidence surveillée» mais d'une «prison», et que le régime de détention du leader du président de la Convention nationale de la résistance de Timor (CNRT) ne changerait pas (Gusmao est toujours sous le coup d'une peine de vingt ans de prison prononcée en 1992). Les autorités indonésiennes auront néanmoins toute latitude pour débattre sereinement, dans la «résidence privée», du processus de décolonisation du Timor oriental, ce bout d'île déserté par le Portugal après la révolution des oeillets (1974), envahi par l'Indonésie de Suharto en 1975, puis proclamé «27e province» de l'archipel en 1976. A bien des égards, la concession indonésienne, résultante de l'amorce de démocratisation du régime conjuguée à de fortes pressions internationales, rappelle le processus de démantèlem