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Interview

Interview de Nafis Sadik, directrice du Fonds des Nations unies pour la population. «Le droit à la reproduction passe par l'autonomie des femmes». Elle dresse un bilan cinq ans après la conférence du Caire.

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publié le 11 février 1999 à 23h42

La Haye, envoyée spéciale.

Nafis Sadik, Pakistanaise, a été la première femme à diriger une des plus hautes instances de l'ONU. Elle est à la tête du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) depuis 1987. Le forum qui se tient à La Haye toute cette semaine tente de dresser un bilan, cinq ans après la conférence du Caire sur la population, tenue en 1994, au cours de laquelle un programme d'action ambitieux avait été dressé, non sans une vigoureuse bataille menée par une étrange alliance islamo-vaticane. A La Haye, 1 500 ministres et hauts fonctionnaires des pays de l'ONU participent au forum. Dont Hillary Clinton qui a affirmé que «les gouvernements ne peuvent pas imposer des limitations de naissances. Il doit toujours s'agir d'un voeu volontaire».

Qu'est-ce qui a été accompli depuis la conférence du Caire, en 1994?

D'énormes changements se sont produits. Une discussion a été ouverte dans le monde entier. Certains sujets comme l'inceste, dont personne n'osait parler, ont été largement discutés. Presque tous les pays ont mis en place un planning familial et des programmes pour juguler les maladies sexuellement transmissibles. Certains Etats ont adopté des nouvelles lois qui protègent les femmes contre les violences, en particulier contre les mutilations des jeunes adolescentes. Les pays en voie de développement comme les pays développés ont augmenté les budgets consacrés aux problèmes de la population. Nous sommes dans un climat de changement, et la pression pour évoluer