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Libération

Les antinucléaires allemands bousculent «leur» ministre. Visite mouvementée de Jürgen Trittin dans un fief «ultra».

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publié le 12 février 1999 à 23h43

Gorleben, envoyé spécial.

Une batterie de tracteurs, la fourche en l'air comme pour empaler le ministre, des banderoles appelant à la «résistance» et une salle pleine à craquer de militants: quand Jürgen Trittin arrive à Dannenberg, mercredi soir, tout est réuni pour faire comprendre au nouveau ministre allemand de l'Environnement qu'en matière d'abandon du nucléaire, il y a plus radical que lui. Trittin est ici au pays des ultras: des paysans qui bloquent les routes avec leurs tracteurs, des riverains qui dépavent les chaussées, des militants qui scient les rails pour empêcher le passage des convois nucléaires. Depuis que le village de Gorleben, au nord de l'Allemagne, a été retenu comme centre de stockage de déchets, en 1977, la région est devenue le plus virulent foyer de résistance à l'atome de tout le pays.

«Ton pouvoir, c'est nous.» Pour la première fois, Jürgen Trittin, revient à Gorleben non plus en militant Vert, mais en ministre d'un gouvernement qui vient de décider l'abandon prochain du nucléaire. De Bonn, il apporte une bonne nouvelle aux écolos du coin: les recherches pour tester si les sols salins de Gorleben se prêtent au stockage définitif des déchets «seront interrompues, dès que nous serons assurés de ne pas avoir à payer de restitution», annonce-t-il. Un groupe d'experts sera appelé à définir de nouveaux critères de sécurité, les centres de stockage définitif n'étant de toute façon «pas nécessaires avant une trentaine d'année», explique Trittin.

«Pourquoi ne