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Libération

Laïcs et religieux face a face a jerusalem. Offensive des ultra-orthodoxes contre la Cour suprême.

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publié le 15 février 1999 à 23h44

Jérusalem, de notre correspondant

Deux jeunes gens s'envoient des arguments au visage sans chercher à se convaincre. C'est un face-à-face entre deux mondes, deux modes de vie et deux visions de l'Etat. Laïc contre croyant. Tee-shirt et jean contre calotte et costume noir. Démocratie contre Torah. Le premier a écrit sur une pancarte qu'il tient entre ses jambes: «Israël n'est pas l'Iran.» «Ce n'est pas parce que tu portes des tsitsit que tu es plus juif que moi», dit-il à son interlocuteur, le doigt pointé sur les fils rituels qui pendent au-dessus de son pantalon. «Tu es juif parce que tes ancêtres respectaient les mitzvot (les commandements divins)», lui rétorque le second, élève dans une yeshiva (un séminaire talmudique).

«Electricité statique». Le dialogue de sourds se déroule dans l'un des plus grands parcs de la Ville sainte, sur une colline recouverte de gazon qui surplombe les deux points de rassemblement. Cette ligne de faîte attire des manifestants de chaque camp, curieux de voir à quoi cela ressemble de l'autre côté. Des attroupements bigarrés se forment sous la surveillance attentive des forces de l'ordre. Des propos passionnés fusent de part et d'autre. «Laissez-nous vivre comme on veut, et on en fera de même», lance une tête dénudée à une rangée de chapeaux noirs. Plus que partout ailleurs, «l'électricité statique», nom de code choisi par la police pour cette journée à hauts risques, est palpable.

En contrebas, des dizaines de milliers de personnes participent à un