Menu
Libération

Un ex-général pour démocratiser le Nigeria. La victoire d'Obasanjo à la présidentielle est presque acquise.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 février 1999 à 23h45

Jos, envoyé spécial.

Ils ont envahi la pelouse comme après la victoire lors d'une coupe de champions, en jubilant, en agitant à bout de bras des affiches arrachées des murs et en scandant le nom de celui qui, depuis hier, est quasiment assuré de redevenir le président du Nigeria: le général à la retraite Olusegun Obasanjo, déjà chef de l'Etat il y a vingt ans et le seul militaire dans l'histoire indépendante du «géant de l'Afrique noire» à avoir rendu de son gré le pouvoir aux civils. Après une longue nuit passée dans les travées du stade municipal de Jos, au centre du Nigeria, les quelque 2 500 délégués du Parti démocratique populaire (PDP) ont laissé éclater leur joie et, peut-être aussi, leur soulagement. Après quinze ans de dictature militaire ininterrompue, l'ex-général du temps du boom pétrolier qui fit couler à flots l'argent facile sera une figure de transition. Elu, certes, mais aussi coopté par ses camarades de casernes, qui, sous réserve d'impunité, acceptent d'abandonner le pouvoir et ses prébendes.

Olusegun Obasanjo, âgé de 61 ans, a gagné haut la main. Il a obtenu plus des deux tiers des voix dans cette primaire au sein du parti, qui, lors des élections en décembre et janvier, s'est adjugé 60% des conseils locaux et 20 des 36 Etats membres de la Fédération nigériane. Contre toute attente, il a écrasé avec le triple des suffrages son principal challenger, Alex Ekwueme, un Ibo de l'Est, qui avait fait campagne sur le thème «le pouvoir doit changer de main», sous-en