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Libération

Au Japon, le Viagra grille la pilule. Le premier a été autorisé; la seconde, elle, reste interdite.

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publié le 17 février 1999 à 23h46

Tokyo, de notre correspondante.

Il a fallu à peine six mois au ministère japonais de la Santé pour autoriser la commercialisation du Viagra dans l'archipel. D'ici au printemps, soit un an après les Etats-Unis, le médicament miracle censé lutter contre l'impuissance sera donc en vente libre au Japon. Un délai d'une exceptionnelle rapidité dans un pays où il faut en moyenne deux ans en temps normal pour obtenir l'homologation d'un nouveau médicament!

Si cette procédure express est une bonne nouvelle pour les Japonais, déjà nombreux à se connecter à l'Internet pour s'approvisionner en Viagra hors des frontières, pour les Japonaises, la pilule est dure à avaler. Et pour cause. Après des années de débat et malgré l'avis favorable de plusieurs commissions d'experts, elles attendent toujours l'homologation de la pilule contraceptive, annoncée comme imminente puis reportée à plus tard sans raisons valables depuis bientôt" une décennie. Le traitement de faveur accordé au Viagra n'a fait que raviver leur colère. «La procédure d'homologation du ministère est totalement incohérente», tempête Midori Ashida, porte-parole d'un mouvement féministe en faveur de la pilule. Alors que d'autres militantes dénoncent une nouvelle preuve de la discrimination sexuelle envers les femmes et de l'irréductible machisme des mâles japonais.

Procédures tatillonnes. L'incroyable publicité faite autour du Viagra a aussi permis au groupe pharmaceutique américain Pfister, auteur de la demande d'homologation, de