Bonn, de notre correspondante.
Douze grandes entreprises allemandes ont annoncé hier leur intention de faire un «geste matériel final» en faveur des travailleurs forcés employés sous le régime nazi. Réunis autour du chancelier Gerhard Schröder, les dirigeants de tout le gratin de l'économie allemande ont promis de créer un fonds commun d'indemnisation. A condition toutefois que les entreprises soient prémunies contre toute nouvelle plainte. Schröder a laissé entendre que 200 000 à 300 000 anciens travailleurs forcés pourraient bénéficier de ce fonds.
Ce sursaut de conscience de l'industrie allemande, plus de cinquante ans après la fin de la guerre, est la conséquence directe des plaintes collectives déposées par d'anciens travailleurs forcés aux Etats-Unis. Hier encore, Schröder et le patronat ont eu du mal à cacher qu'ils estiment que l'Allemagne a déjà largement payé pour les crimes du IIIe Reich: «Quantité de demandes ont été satisfaites par les paiements de la RFA», a souligné Schröder, rappelant que certaines firmes ont déjà payé quelques dédommagements mais que, en tant que contribuables, elles ont aussi participé aux quelque 100 milliards de marks (335 milliards de francs) que la RFA a versé depuis la guerre en guise d'«indemnisations» pour les crimes nazis. Il y va autant d'un geste humanitaire que, surtout, d'une mesure nécessaire pour épargner aux entreprises «des campagnes contre la réputation de notre économie», a expliqué Schröder. Le chancelier social-démocra