Province du Henan, envoyée spéciale.
Le «hameau des Grands Zhang» est l'un de ces villages typiques du centre de la Chine. On l'atteint difficilement. Plusieurs heures de bus depuis Xinyang, «la ville du soleil assuré». Une allégorie aux espoirs déçus: dans toute cette région des confluents du fleuve Bleu (Yang-Tsé), le ciel reste gris la plupart du temps, chargé d'humidité. Du district le plus proche, il faut encore parcourir plusieurs dizaines de kilomètres avec le moyen de transport local. Une sorte de camionnette éventrée où s'entassent pêle-mêle dix, vingt, peut-être davantage de voyageurs. Le hameau des Grands Zhang est composé d'une centaine de maisons hautes, en brique rouge, entourées d'une large douve creusée dans la glaise. Un tableau qui se reproduit à perte de vue dans toute la région. Les hameaux sont distants de moins d'un li (500 m), tous construits à l'identique, séparés par quelques champs, des bosquets.
Toute la région cultive des arachides et du colza, un peu de blé et d'avoine, parfois du raisin, du thé et des châtaignes sur les collines. «La vie pourrait être bien meilleure maintenant, depuis la fin de la période collective (1955-1980). Une famille qui se débrouille peut, dans les bonnes années, gagner jusqu'à 6 000 yuans (environ 4 200 F, 640 euros) en exploitant intensivement sa parcelle et en vendant ses céréales et quelques bêtes, explique Zhang, 68 ans. Mais l'année a été mauvaise, à cause des inondations de l'été dernier.» Un affluent du Yang-Tsé p