Bucarest, de notre correspondante.
Une trentaine d'autobus chargés de mineurs de la vallée du Jiu a pris, hier, la route de Bucarest, au lendemain de l'annonce de la condamnation à dix-huit ans de prison de leur leader Miron Cozma par la Cour suprême de justice. «Nous défendrons Cozma au prix de notre vie», disent-ils, car «il s'est battu pour nous». «Nous irons cette fois-ci jusqu'à Bucarest, nous allons renverser le gouvernement et provoquer des élections anticipées.» Ils ont fait, hier après-midi, une première escale à Tirgu-Jiu (290 kilomètres à l'ouest de la capitale), où ils ont occupé la place de la préfecture, avant de poursuivre vers Craoiva.
Le ministre de l'Intérieur, Constantin Dudu Ionescu, n'est pas ébranlé. Il qualifie cette action des mineurs de «terroriste» et d'«illégale» car il ne s'agit pas de revendications syndicales. Il affirme que les forces de l'ordre «feront leur devoir».
Le soir même du verdict de la Cour suprême condamnant Cozma pour les marches de mineurs de septembre 1991, qualifiées d'«insurrection contre le pouvoir d'Etat», les mineurs, corps et âme avec Cozma, se sont rassemblés dans la cour de la Régie autonome de la houille, à Petrosani, pour protester contre cette décision. Dans toutes les mines de la vallée du Jiu, le travail a été interrompu par une grève d'une demi-heure. «Il a été condamné comme s'il était le plus grand criminel de ce pays alors que d'autres, qui ont pillé l'Etat, ne s'en soucient guère.» Quant à Miron Cozma, encouragé p