Avant la capture du leader kurde, le juge français Jean-François
Ricard hésitait à lancer un mandat d'arrêt international contre Abdullah Öcalan, 49 ans, pour des «extorsions de fonds en relation avec une entreprise terroriste». L'affaire démarre en janvier 1998 avec la plainte d'un petit entrepreneur de la banlieue parisienne qui, selon un enquêteur, «a été agressé par des gens du PKK parce qu'il n'a pu s'acquitter de l'impôt révolutionnaire». Cinq suspects sont arrêtés le même mois, notamment Irfan Balzak, considéré comme «un cadre national, le n°2 en France» qui possède en tout cas la «comptabilité détaillée» de la précédente campagne de «collecte de dons» du PKK: 10 millions de francs en cinq mois, entre août et décembre 1997.
Selon un policier, «les auteurs du racket, les donneurs d'ordres, la liste des donateurs, les mauvais payeurs, par commune et par région, sont scrupuleusement inscrits dans les carnets de Balzak, ainsi que des transferts de fonds vers des sociétés écrans en Allemagne et en Belgique». Les contacts de Balzak avec le «comité Europe du PKK, basé en Allemagne, qui dépend directement d'Öcalan» incitent le magistrat français à aller demander des comptes au chef kurde qui a été arrêté en Italie le 12 novembre. En perquisition dans la villa occupée par «Apo» à Rome, le 8 décembre, le juge Ricard saisit ses passeports soviétiques (avec noms d'emprunt) et son carnet d'adresses à rallonge. Il y trouve toutes les coordonnées d'Irfan Balzak, même son numéro d'écro