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Libération
Interview

Hamit Bozarslan, historien, explique les dérives du PKK : «Ankara doit accepter des réformes radicales».

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publié le 19 février 1999 à 23h48

Auteur de La question kurde, états et minorités au Moyen-Orient,

ouvrage de référence publié aux presses de Sciences-Po, Hamit Bozarslan, maître de conférences à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) répond aux questions de Libération.

Est-ce qu'il y a une spécificité du problème kurde en Turquie?

On peut distinguer deux phases différentes de l'histoire de la République turque: la première, allant de 1923 à 1946 est celle de la domination d'un parti unique, niant toute légitimité aux clivages politiques et sociaux. Le régime conçoit, en effet, la politique comme une guerre dont l'enjeu serait la survie de l'Etat et de la «turcité». Pour les Kurdes cette politique se traduit par une négation totale de leur existence ainsi que par la répression militaire de leurs contestations (18 révoltes de 1925-1938). La deuxième phase avec l'instauration du pluralisme politique en 1946, est marquée par une double contradiction. Le système s'ouvre aux acteurs politiques, mais simultanément, accorde une place maîtresse à l'armée, chargée désormais du rôle d'instance de tutelle de l'espace politique. A cette ouverture répond l'exclusion des acteurs qui n'acceptent pas les fondements identitaires de la «nation». Cela concerne les Kurdes, qui ne se reconnaissent pas dans le dénominateur commun de «turcité» et veulent faire accepter la reconnaissance de leur distinction linguistique comme légitime, les alévis (communauté proche du chiisme, ndlr) qui refusent d'adhérer à un islam su