Une semaine à haute tension s'annonce pour les Quinze. Enjeu: le
bouclage du budget 2000-2006 de l'Union européenne (dit Agenda 2000), dont l'une des pièces maîtresses est la réforme de la Politique agricole commune, sujet le plus douloureux pour la France. Réunis en conclave ce dimanche à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères feront le point sur les négociations, avant l'entrée en piste, lundi à Bruxelles, des ministres de l'Agriculture pour un marathon de quatre jours sur fond d'énorme manifestation paysanne. Enfin, vendredi 26 février, à Petersberg, près de Bonn, les quinze chefs d'Etat et de gouvernement tiendront un sommet extraordinaire convoqué par le chancelier Gerhard Schröder. Boucler l'Agenda 2000 à la date butoir du 26 mars, au sommet de Berlin, est encore «jouable», selon Pierre Moscovici, le ministre délégué aux Affaires européennes, à condition que l'Allemagne se décide enfin à des compromis. Entretien.
On est passé de l'euphorie du lancement de l'euro à l'empoignade sur l'Agenda 2000. L'Europe replonge-t-elle dans la crise?
Je n'ai pas succombé à l'«europhorie», mais, de la même façon, il ne faut pas céder aujourd'hui au catastrophisme. L'Agenda 2000 est la chronique d'une difficulté annoncée. C'est un bras de fer inévitable compte tenu de l'antagonisme des intérêts nationaux en présence: les Britanniques ont eu un rabais dans les années 80 qui n'est plus tout à fait justifié c'est un euphémisme et pourtant ils veulent le conserver intégralement,