Pointe-Noire, envoyée spéciale.
Les rebelles sont aux portes de la ville, Alphonse est au bar. Comme tous les matins, ce n'est pas parce que la guerre approche que l'on va se laisser aller. «Mais sucrer mon expresso avec ça"» Il grimace devant le bol de poudre brune posé sur le zinc. Depuis que l'usine de Nkayi a été détruite, le sucre en morceaux a disparu. Que la sucrerie ait été anéantie par les Cocoyes de l'ex-président Lissouba ou par les Cobras de l'actuel président Sassou N'Guesso, peu lui importe. Il n'y a plus de sucre blanc, et c'est pour Alphonse le signe le plus clair de l'Apocalypse à venir. Les Ponténégrins ont une manière bien à eux de réagir à ce qui ressemble à un siège. L'électricité est coupée depuis un mois et demi, et, comme l'eau est pompée de la nappe phréatique, une partie de la population passe ses journées à remplir des bidons. Le chemin de fer qui relie la ville portuaire à Brazzaville est immobilisé depuis six mois. Le train, c'était le poumon économique du Congo, le lien entre la forêt et l'Océan. Le bois, l'une des principales ressources de la région, n'arrive plus au port, qui, de toute façon, ne fonctionne plus qu'à un quart de sa capacité. La rébellion du Sud est en train d'étouffer la ville la plus riche du Congo. Et comme à Nkayi et à Dolisie, les Cobras du président Sassou N'Guesso, basés à 70 km de là avec les Angolais, au camp de Makola, n'attendent que son agonie pour fondre comme des vautours.
Pétrole off-shore. Mais Pointe-Noire ne ve