Washington, de notre correspondant.
Dans la capitale américaine, les responsables dissimulent mal leur irritation face aux dénonciations fréquentes à Paris de la «tentation à l'unilatéralisme» de la politique américaine. Le pr David Calleo, directeur des études européennes à l'Ecole des hautes études internationales (Sais) de l'université Johns Hopkins à Washington, analyse pour Libération l'image de la France dans la capitale américaine.
Quel est l'état des relations franco-américaines?
Il est difficile de porter un diagnostic certain en ce moment. Ce qui va se passer au Kosovo sera soit un grand pas en avant, soit une grande déception. Au-delà des stéréotypes habituels des deux côtés et des feuilletons diplomatiques, les Américains sont en fait assez ambivalents sur ce que les Français décrivent comme leur «hyperpuissance». Nous avons le sentiment d'être trop dispersés, au sens géopolitique, stratégique et psychologique du terme, et pensons qu'un meilleur partage des tâches dans le monde serait souhaitable. Il y a donc à la fois énormément de querelles sur des points de détail et pas mal d'arrière-pensées, mais aussi un soutien implicite et fondamental à la vision française d'une Europe qui serait assez forte pour s'occuper elle-même de ses propres affaires. La France joue un rôle unique, puisqu'elle est à la fois l'avocat le plus bruyant et la force motrice de ce changement. D'où l'ambiguïté de la perception que nous en avons. On approuve la démarche française, on souhaite q