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Abuja, chantier des corrompus.

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Election présidentielle apres quinze ans de pouvoir militaire au Nigeria (1). La construction de la capitale permet d'asseoir l'emprise des généraux.
publié le 23 février 1999 à 23h51
(mis à jour le 23 février 1999 à 23h51)

Au coeur du Nigeria, le paysage a le fond rouge de la latérite mais reste encore dominé par le vert d'une savane arborée, constellée d'immenses mamelles granitiques. A l'une d'elles, «Aso Rock», s'adosse le sanctuaire institutionnel du pays: la présidence, l'Assemblée nationale et la Cour suprême, toutes les trois situées au bout de l'avenue de la Constitution, à Abuja. En partie aménagés, les deux cubes gris du pouvoir judiciaire sont surnommés «dés pipés». Couronné d'une coupole verte, le Parlement est encore un chantier qui ne sera sans doute pas achevé pour le retour au régime civil, programmé pour le 29 mai. En revanche, la présidence fonctionne depuis des années. A sa partie administrative, véritable ruche du pouvoir, s'ajoute un domaine réservé abritant, dans un vaste parc agrémenté de fontaines, de somptueuses villas. Dans l'une d'elles, la dictature militaire a rendu son dernier soupir le 8 juin. A cette date, selon la version officielle, le général Sani Abacha a été foudroyé, à 54 ans, par un arrêt cardiaque, alors qu'il se trouvait en compagnie de trois prostituées.

Farce électorale. L'ex-dictateur avait le coeur à la fête. Le lendemain, il comptait annoncer sa candidature pour la présidentielle, qui devait être organisée par ses soins et en présence de cinq partis légalisés, ayant tous eu le bon goût de le désigner comme leur cheval de bataille. En l'absence de suspense, une overdose d'aphrodisiaques a eu raison de cette farce électorale. Celle-ci aurait au moins