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La «mafia» de Kaduna

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Election présidentielle apres quinze ans de pouvoir militaire au Nigeria (2). La ville, pourtant pauvre, est le symbole de l'hégémonie de l'élite du Nord.
publié le 24 février 1999 à 23h51
(mis à jour le 24 février 1999 à 23h51)

Sur les imposantes banquettes en cuir vert clouté, une fine couche de poussière en rajoute au charme suranné. Le premier Parlement du Nigeria, l'ex-colonie britannique unifiée en 1914 par Frederick Lugard, est une réplique en miniature de la Chambre des communes. A l'instar de gradins, les sièges montent de part et d'autre d'une arène politique que domine, au fond, la tribune du speaker, le président de l'Assemblée. Dans son dos, une galerie de portraits conserve le souvenir des gouverneurs coloniaux, puis des dirigeants nigérians qui leur ont succédé. Par son physique, mais aussi en raison de son long règne ­ dix-neuf ans ­ et de sa doctrine visant à s'appuyer sur les élites locales traditionnelles pour une «colonisation indirecte», lord Lugard fait penser au maréchal Lyautey. Ses héritiers sont des notables et, surtout, des militaires du Nord qui, malgré le transfert du siège du gouvernement au sud, se sont imposés à la tête du Nigeria indépendant. Sauf pendant six ans, le pouvoir central ne leur a jamais échappé.

Club de polo. A Kaduna, l'héritage colonial semble très présent. Non loin du Lugard Hall, un vaste hippodrome abrite un club de polo où l'élite locale se côtoie, le soir et les week-ends, dans un bar et une salle de billard tout ce qu'il y a de plus british. Sur les quelque 300 membres inscrits, 63 pratiquent le sport introduit par le colonisateur en 1904. «A 15 000 dollars le poney, nos étables abritent une fortune», se vante un colonel, stick à