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La guerre du pétrole à Forcados

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Election présidentielle apres quinze ans de pouvoir militaire au Nigeria (3). Victimes d'attaques répétées, les pétroliers travaillent sous la protection de l'armée.
publié le 25 février 1999 à 23h53
(mis à jour le 25 février 1999 à 23h53)

A la sortie du terminal pétrolier, le policier tenant compagnie aux soldats, derrière la mitraillette pointée vers la jungle, demande un «cadeau» avant de monter dans la voiture en guise d'escorte. Sur la droite, un oléoduc rouillé longe la piste comme une main courante. «On ne fait plus ça depuis vingt ans, explique l'ingénieur. On aurait dû l'enterrer.» Comme «on» aurait dû, au moins, mettre un grillage autour des deux puits de pétrole, également sur la droite, peu avant Ogulagha, un village d'environ 5 000 habitants. Pour accéder à la piste, ils doivent enjamber le pipeline. Plus loin, des cabanes en tôle ondulée entourent une borne fontaine. Les pêcheurs dorment dehors dans des hamacs. La Jeep slalome entre les masures, les poules et les enfants, pour accéder à la digue construite par Shell pour empêcher l'érosion côtière. Au premier plan, des pirogues à voiles auriques tentent de passer la barre, très forte. Au loin, une barge et la torchère fuligineuse d'une plate-forme rappellent qu'on ne cherche pas que du poisson ici.

Gaspillage polluant. Derrière le hameau de pêcheurs, une station de pompage assure le relais à un carrefour de pipelines. Dans son dos, un brasier d'enfer a brûlé toute végétation sur une centaine de mètres. Depuis cette fournaise géante, qui sert à consumer le gaz associé au pétrole, d'immenses flammèches montent au ciel. De ce gaz, on ne fait rien. Il n'est ni réinjecté dans le sol pour faire sortir l'huile des gisements, ni collecté et liquéfié pour