Au lendemain de la conférence de Rambouillet, les négociateurs
albanais ont resserré leurs rangs en se dotant d'un «gouvernement provisoire» dirigé par l'Armée de libération du Kosovo (UCK). Pour la première fois, à Rambouillet, les composantes hétéroclites du camp albanais avaient fait partie d'une délégation conjointe. On y retrouvait les «modérés» de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), regroupés autour d'Ibrahim Rugova, les «radicaux» du Mouvement démocratique unifié (LDB), autour de Rexhep Qosja, théoricien de la «Grande Albanie», et l'UCK, dont le jeune représentant, Hashim Thaçi, avait été propulsé à la tête de la délégation. Et ce sont les leaders de ces trois tendances qui, avant de quitter Rambouillet, ont décidé hier de former un «gouvernement provisoire», où elles auront le même nombre de représentants à côté d'un membre indépendant.
Interrègne. La création de ce cabinet va dans le sens d'une logique de conclusion d'un accord, et non de guerre, puisque la tâche qui lui a été assignée est de «fonctionner jusqu'à des élections libres», prévues neuf mois après un éventuel accord. Les politiciens albanais et les combattants montrent ainsi qu'ils n'ont pas l'intention de laisser aux Serbes la gestion de cet interrègne de neuf mois qui pourrait s'avérer décisif.
«Mandela albanais». Le rapprochement opéré entre les négociateurs de Rambouillet ne fait pas l'unanimité sur le terrain, où les plus radicaux ont le vent en poupe. Il a été immédiatement récusé par Adem Demaçi,