Budapest, de notre correspondante.
Des centaines de juifs hongrois, se disant «humiliés», retournent à l'envoyeur le chèque de 30 000 forints (environ 800 F) qu'ils ont reçu du gouvernement hongrois, au titre des compensations allouées aux familles de déportés disparus pendant la Seconde Guerre mondiale. Le versement de cette somme dérisoire, qui a débuté en janvier et concerne 200 000 requérants, a provoqué la colère de la communauté juive de Hongrie, dont l'hebdomadaire Uj Elet a lancé une pétition. Le journal demande à ses lecteurs de renvoyer «aux responsables de l'Etat ces montants discriminatoires qui humilient nos morts». En Israël, quelque 8 000 juifs d'origine hongroise ont également protesté.
György Kerekes, matricule n° 72894 à Auschwitz, déporté dans trois autres camps et qui y a perdu sa mère, a retourné son chèque en recommandé au Premier ministre, Viktor Orban. «Je suis scandalisé, affirme cet historien âgé de 70 ans. Les Jeunes démocrates (Fidesz, parti d'Orban, ndlr) déclarent qu'ils se bornent à jouer le rôle du facteur et ne font qu'exécuter les décisions de leurs prédécesseurs. C'est faux car la communauté juive et l'ancien gouvernement avaient négocié un compromis et fixé l'indemnisation à 300 000 forints (l'équivalent de 8 000 F).» Péter Feldmayer, président de Majihisz, principale association juive estimée entre 100 000 et 300 000 personnes , reconnaît qu'un tel accord avait été conclu. «Mais c'est resté une promesse verbale. Les gouvernements success