Nazareth envoyé spécial
Ce n'est qu'un jour de semaine ordinaire, et ils sont des dizaines à prier, en rangs serrés, sous un chapiteau de fortune. Les fidèles, conciliant la géographie et la politique, regardent vers La Mecque et tournent le dos à la basilique de l'Annonciation. Leur tente s'étale au pied de l'édifice colossal, posé à flanc de colline et surmonté d'une coupole en forme de cône. Cette pièce montée en pierres apparentes protège la grotte, où, selon la tradition, l'ange Gabriel se présenta à Marie. Nulle part ailleurs en Terre sainte, une église domine autant une ville par sa taille, son volume et son effet d'attraction. Elle semble aujourd'hui assiégée par un camp de toile converti en mosquée.
Des pèlerins regagnent leur bus climatisé sans prêter attention aux bannières vertes barrées d'un verset du Coran et aux visages sombres des fidèles. «Ne touchez pas aux biens musulmans», avertit en anglais une pancarte placée en face d'une boutique de souvenirs. Les touristes y voient une touche pittoresque ajoutée à un lieu qui n'en a guère. A l'approche de l'an 2000 et de son flot de visiteurs annoncé, la mairie a transformé le vieux souk en allées commerçantes proprettes mais aseptisées. Pavage impeccable, ruelles couvertes d'auvents en plastique et escaliers refaits à neuf mènent à la grotte sacrée.
Embouteillage permanent. Les travaux de terrassement s'arrêtent brutalement devant le campement sauvage. Des carreaux de marbre et des remblais de sable s'entassent depuis