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Libération

Obasanjo, président à remonter le temps. Il entend effacer deux décennies de «mal-développement» au Nigeria.

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publié le 2 mars 1999 à 23h58

Avec le général Obasanjo, le passé revient au pouvoir. «J'ai réussi

il y a vingt ans, je réussirai à nouveau.» Tout au long de la campagne électorale, ce leitmotiv a servi de basse continue aux slogans rappelant aux Nigérians «le bon vieux temps quand nos raffineries produisaient de l'essence», «quand tous les enfants allaient à l'école», «quand la voix du Nigeria comptait dans le monde». Premier militaire en Afrique à avoir cédé de son plein gré le pouvoir aux civils, l'ex-général président veut mettre entre parenthèses deux décennies de «mal-développement», dont quinze ans de dictature militaire. Il s'estime le mieux placé pour renouer avec la «chance gâchée» d'implanter la démocratie dans le pays le plus peuplé d'Afrique noire avec quelque cent millions d'habitants. «Je serai passé de la présidence à la prison et de la prison à la présidence, explique-t-il. J'ai traversé le miroir et je n'ai plus rien à prouver, sauf que le Nigeria est capable de se relever.»

L'homme qui affiche cette ambition, à la démesure du géant affaissé, est né le 5 mars 1937 à Abeokuta, au coeur du pays Yoruba, l'ethnie prédominante dans le sud-ouest du Nigeria. Sur les bancs de l'école, Olusegun Obasanjo se lie d'amitié avec Moshood Abiola, futur capitaine d'industrie et magnat de presse, qui sera élu président en 1993 mais privé de sa victoire par la junte militaire, qui «annule» le scrutin. Emprisonné, Abiola meurt en prison. Au «messie» plébiscité il y a six ans succède aujourd'hui un homme boud