La liberté d'expression bafouée, mais aussi la torture ou la mort
infligées à des sympathisants de la cause kurde en Turquie sont au centre de douze affaires examinées depuis hier par la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg. Pas moins de cinq plaintes pour violation de la liberté d'expression et du droit à être jugé par un tribunal impartial et indépendant ont été déposées par Kamil Tekin Surek, un avocat d'Istanbul propriétaire de l'hebdomadaire Haberde Yorumda Gerçek (la Vérité des nouvelles et des commentaires). Il avait été condamné plusieurs fois à des amendes par la Cour de sûreté de l'Etat pour «propagande séparatiste».
Les articles, publiés en 1992 et 1993, évoquaient tous les activités du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie, en lutte armée contre le pouvoir central), ou bien celles des anciens députés kurdes Leyla Zana et Orhan Dogan.
D'autres plaintes ont été déposées par le journaliste et écrivain Umit Erdogd, éditeur du journal Iscilerin Sesi (la Voix du travailleur) par Gunay Aslan, auteur d'un livre intitulé 33 balles. L'histoire en deuil, ou par le syndicaliste Munir Ceylan, président du Syndicat des travailleurs du pétrole à Istanbul, ou encore le poète d'origine kurde Huseyin Karatas.
Les plaignants dénient à la Cour de sûreté de l'Etat la qualité de tribunal «indépendant et impartial», en raison de la présence d'un juge militaire. Les audiences de ces dix affaires s'étalent sur toute la semaine. La Cour europé