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Libération

Premières greffes d'organes au Japon. La loi autorise enfin les prélèvements sur des patients «morts clinique».

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publié le 2 mars 1999 à 23h58

Tokyo, de notre correspondante.

L'affaire semble totalement anachronique en cette fin de siècle. Durant tout le week-end et jusqu'à hier, les Japonais ont suivi, heure par heure, les quatre premières transplantations d'organes réalisées dans le pays. Ces opérations, pourtant banales dans les pays développés, ont été qualifiées ici d'«historique». Elles ne sont pas seulement synonymes d'espoir pour les quelque 13 000 malades japonais en attente actuellement d'une transplantation d'organes. Avec un bon quart de siècle de retard sur le reste du monde, elles ouvrent une ère nouvelle pour la médecine dans un pays qui interdisait jusqu'ici les prélèvements d'organes sur les personnes en état de mort cérébrale. Ce qui condamnait, en pratique, toute intervention de ce type.

Le résultat de cette attitude était une terrible injustice. Les patients fortunés allaient se faire opérer aux Etats-Unis, en Australie ou en Europe. Une quarantaine de Japonais ont ainsi reçu un coeur à l'étranger et 180 se sont fait transplanter un foie. Mais, chaque année, beaucoup d'autres n'avaient pas cette chance et mouraient faute d'avoir reçu à temps l'organe qui leur aurait sauvé la vie.

«J'espère que ces opérations vont faire évoluer les mentalités», commente Kumiko Sato, cette étudiante de 22 ans qui avait dû se rendre en Australie pour recevoir un foie. Car le principe même des transplantations d'organes suscite toujours un débat. Une bonne partie de l'opinion y reste hostile, pour des raisons liées à l