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Libération

Algérie: le «terrorisme gouvernemental». Amnesty a recensé 3000 cas de personnes disparues après arrestations.

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publié le 4 mars 1999 à 23h59

Les dossiers de plus de 3 000 personnes «disparues» en Algérie après

avoir été arrêtées ont été présentés hier par Amnesty International, qui rendait public un rapport sur ce sujet à Madrid. Depuis le début de la crise algérienne, en 1992, la «pratique systématique» des détentions au secret, la torture et les disparitions constituent «un acte de terrorisme du gouvernement» algérien, a accusé Richard Crossfield, d'Amnesty. Si cette organisation dénonce depuis des années les «disparitions», elle note que le tabou qui entoure ce sujet, aussi bien en Algérie que dans les instances internationales, commence à se fissurer.

Vainquant leur peur pour leur propre sécurité ou celle de leurs enfants arrêtés, de plus en plus de familles algériennes se mettent à protester publiquement. Malgré des intimidations et des violences policières, des mères de disparus se rassemblent chaque semaine à Alger, aidées par une poignée d'avocats. D'autres se sont regroupées en collectifs, comme Nacéra Dutour, une pionnière basée à Paris et elle-même à la recherche de son fils disparu en 1997. Le phénomène, qui touche «tout le monde et tout le pays», dépasserait largement les 3 000 dossiers recensés par Amnesty.

D'après les témoignages, certaines victimes ont été enlevées parce qu'on les soupçonnait d'être liées à des groupes armés islamistes. D'autres auraient été arrêtés sans raison apparente. Pour «disparaître», il suffit parfois de se trouver dans une rue, à proximité du lieu d'un attentat. Ou même de p