Pskov, envoyée spéciale.
Ivan est un caïd de Pskov. En décembre, lorsque le directeur de la prison annonce qu'il va ouvrir des «cellules de luxe», il est le premier candidat. Aujourd'hui, il «loue» 150 roubles (43 F) par mois une vaste cellule aux murs carrelés avec salle de bains, frigo et télé. «Je préfère payer, dit-il; ici, c'est meilleur pour la santé.» Récidiviste, Ivan risque de trois à six ans de prison. En attendant son procès, il passe son temps à lire, à taper le carton avec son colocataire et à préparer ses repas. Ivan se fait acheter des purées en sachet et des conserves de viande par les gardiens. «En Russie, chacun se débrouille, et le plus fort gagne», assène-t-il.
Avec ses quatre «cellules de luxe», l'«izolator 58» (maison d'arrêt) de Pskov région natale de Pouchkine, vers la frontière estonienne tranche dans le sinistre univers pénitentiaire russe. Pour remédier à la misère ambiante, le directeur Boris Fedotov, 43 ans, a multiplié les initiatives. Dont ces spectaculaires cellules payantes, uniques en Russie. «Je destinais l'argent de la location à la rénovation des autres cellules, mais les détenus sont trop pauvres. Même les caïds du milieu ne pouvaient pas payer les 15 roubles par jour.» Fedotov a d'abord baissé à 10 roubles, sans trouver preneur. Alors il s'est contenté de 5 roubles. «Mais, à ce tarif-là, ce n'est pas rentable», dit-il. Il va proposer une autre formule: les détenus qui le veulent travailleront à la rénovation des bâtiments. En échange