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Analyse

Pas de paix sans justice

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publié le 5 mars 1999 à 0h01

La paix ou la justice? Le sort des anciens dirigeants Khmers rouges

au Cambodge, responsables de l'un des plus grands massacres de la deuxième moitié du XXe siècle, pose une nouvelle fois ce dilemme présent à la fin de chaque conflit. Les experts consultés par l'ONU se prononcent pour la mise sur pied d'un tribunal international pour juger les anciens Khmers rouges, façon bosniaque ou rwandaise. Hun Sen, le chef du gouvernement cambodgien ­ lui-même un ancien Khmer rouge ­, refuse cette logique, et lui oppose, au nom de la stabilité politique du pays, celle qui a eu cours en Afrique du Sud: une commission Vérité et Réconciliation, sans véritable portée judiciaire. Le «modèle» sud-africain a effectivement permis de sortir sans trop de casse de l'apartheid, mais il a laissé un goût amer auprès de beaucoup de Sud-Africains. «La justice avant la paix», proclamaient les autocollants derrière de nombreuses voitures sud-africaines" Les Cambodgiens, depuis trop longtemps, n'ont eu ni la paix, ni la justice, et aspirent à avoir les deux. Ceci passe par un procès des responsabilités dans le génocide cambodgien. En recevant fin décembre les anciens Khmers rouges ralliés Khieu Samplan et Nuon Chea, le Premier ministre Hun Sen pensait avoir marqué un point dans la consolidation de son pouvoir: en fait, il a ravivé la mémoire des massacres et rappelé à tous l'impunité qui avait suivi. Hun Sen a dû faire marche arrière et renoncer à accorder le pardon à ces deux hommes au lourdes responsab