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Libération

Un physicien israélien privé d'une médaille française. Beyrouth a pesé pour qu'on annule le prix Rammal 98 honorant la mémoire d'un Libanais.

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par Dominique CHOUCHAN
publié le 5 mars 1999 à 0h01

Daniel Amit, chercheur, peut-il recevoir une médaille scientifique

française portant le nom d'un physicien libanais? Oui, avait estimé le jury du prix Rammal. Non, ont aussitôt rétorqué certains officiels libanais et français. La raison? Daniel Amit est" israélien! Il répond pourtant à tous les critères, scientifiques et d'engagement humaniste, de ce prix. Excellent physicien, il enseigne à l'université hébraïque de Jérusalem et à l'université de Rome La Sapienza. Ce chercheur est également à l'origine, en 1982, de la création, en Israël, du Comité contre la guerre au Liban. Il refusa même de faire son service militaire au Liban en 1984, geste qui lui valut de croupir un temps dans une prison militaire. De plus Rammal et Amit se connaissaient.

Dans ce bras de fer entre éthique scientifique et très mauvaise raison d'Etat, la seconde vient de l'emporter. Le ministère des Affaires étrangères aurait fait pression sur la Société française de physique. Et cette dernière, le 8 février a annulé la délibération du jury (1). Il n'y aura pas de médaille Rammal 1998. Un geste «indigne», affirme Gérard Toulouse, fondateur de la médaille Rammal, membre du jury, physicien à l'Ecole normale supérieure. Ce scandale académique agitait jusqu'à présent une poignée de mandarins de la physique française.L'affaire prend une dimension internationale avec un article publié dans la revue américaine Science du 5 mars.

Brillant physicien, Rammal est mort prématurément avant l'âge de 40 ans. Né au Liban e