Belfast, envoyé spécial.
Dans quatre jours, un gouvernement associant pour la première fois ministres protestants et catholiques aurait dû prendre le pouvoir en Irlande du Nord. Le 10 mars, près d'un an après l'accord historique du vendredi saint, la couronne britannique devait transférer ses prérogatives à un exécutif majoritairement protestant comme le veut l'équilibre démographique de la province mais associant pour la première fois des ministres issus des deux grands partis catholiques, le SDLP et Sinn Féin, la façade politique de l'IRA. La date butoir ne sera sans doute pas respectée en raison de désaccords entre Sinn Féin et unionistes sur la question du désarmement de l'IRA, mais cet obstacle, aussi important soit-il, ne doit pas dissimuler le chemin parcouru. «On a parfois du mal à croire que nous en sommes arrivés à ce stade, qui aurait pu imaginer que l'on prépare un gouvernement commun il y a dix ou même cinq ans?» concède Geoff Martin, le rédacteur en chef de Newsletter, un quotidien protestant de Belfast, qui, malgré ses deux cents ans d'histoire unioniste, est à fond derrière le processus de paix.
«Un problème de confiance». Tout n'est pas gagné pour autant. «On a encore beaucoup d'obstacles à franchir», rappelle Geoff Martin. Tandis que Tom Hartley, leader de Sinn Féin à la mairie de Belfast, souligne que «le processus de paix c'est comme une rivière, ça coule, mais ça peut couler plus ou moins vite». La difficulté tient au désarmement des groupes paramilita