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Libération
Reportage

8 mars, Journée internationale des femmes. Au Qatar, citoyennes sous le voile. Aujourd'hui, pour la première fois, un scrutin est ouvert aux qatariennes.

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publié le 8 mars 1999 à 0h03

Doha envoyé spécial

La femme d'Ali Saïd al-Khayarim ne pourra pas aller voter au premier scrutin de l'histoire du Qatar ouvert aux femmes. Son mari le lui a interdit. On le sait parce que l'époux l'a annoncé publiquement. Les autorités avaient pourtant encouragé tous les électeurs, femmes y comprises, à participer aujourd'hui à ces élections municipales consultatives. Cela n'a pas convaincu Ali al-Khayarim de laisser son épouse s'inscrire sur les listes électorales. Le mari intraitable est loin d'être n'importe qui: c'est le ministre des" Affaires municipales (et de l'Agriculture).

Néanmoins, 9 664 femmes (selon les chiffres officiels) ont pu accéder aux listes électorales, soit 44% des 21 992 électeurs qui sont allés s'inscrire. Un événement sans précédent dans le petit émirat, surtout si on le compare à l'aune des autres monarchies arabes de la région. De tous les Etats du golfe Arabo-Persique, le Qatar faisait naguère figure, avec l'Arabie Saoudite voisine, d'Etat le plus pétrifié, le plus hostile à toute idée nouvelle. Ainsi, au Koweit, de loin le pays le plus démocratique du Golfe, avec une presse libre et un Parlement remuant, on se gaussait volontiers des «Qatariens bornés et rétrogrades». On s'en moquera moins désormais. Si, au Koweit, les femmes n'ont toujours pas le droit de vote, celles du Qatar ont pu non seulement voter, mais aussi se présenter. Six d'entre elles ont relevé le défi. «Peu importe qu'elles soient élues ou pas, leur présence à ces élections est une v