Caracas, de notre correspondant.
Ce soir-là, à la fin février, les lumières sont restées allumées jusqu'au petit matin dans le bureau présidentiel du palais de Miraflores, l'Elysée local, une bâtisse rococo posée à la lisière des faubourgs les plus pauvres de la capitale. A la manière de Castro, le président Hugo Chavez n'aime rien tant que travailler dans la fraîcheur de la nuit. «C'est à ce moment qu'il prend en un éclair ses décisions», confie son secrétaire privé, le colonel Raul Baduel. L'ex-lieutenant-colonel putschiste est furieux. Il vient d'apprendre que les salaires des cadres supérieurs de PDVSA, la Société nationale des pétroles vénézuéliens, flirtent avec les 15 000 dollars mensuels, voire 20 000 (120 000 F), alors qu'il a annoncé, quelques heures auparavant, l'augmentation du Smic local de 20% de 100 000 à 120 000 bolivars (environ 1 200 F). «Ces seigneurs de l'industrie pétrolière commencent à m'emmerder», lance le chef de l'Etat. «Tu n'as qu'à y placer des militaires qui remettront de l'ordre dans la maison», suggère le général Raul Salazar, le ministre de la Défense. Dès le lendemain, les colonels Oswaldo Contreras et Alfredo Cameiro étaient nommés vice-président des finances et vice-président des ressources humaines de PDVSA" «Et de 57», observe Lewis Perez, secrétaire général de l'Action démocratique, le parti social-démocrate qui tente sans grand succès de se confectionner une nouvelle niche politique après le passage électoral du cyclone Chavez. Selon Lew