Djakarta, envoyé spécial.
Xanana Gusmao est devenu la personnalité la plus incontournable de Djakarta. Le chef de la guérilla indépendantiste du Timor oriental, qui purgeait, il y a encore un mois, une peine de vingt ans dans la prison de Cipinang, à Djakarta, a rencontré la semaine dernière la secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright, de passage en Indonésie.
Au cours des derniers mois, il a eu des entretiens avec le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, avec bon nombre de diplomates et plusieurs candidats à l'élection présidentielle indonésienne du 7 juin. En février, un mois après que le président indonésien, Jusuf Habibie, a soudainement promis d'offrir «l'autonomie ou l'indépendance» à Timor-Est, Gusmao a été transféré dans une «maison-prison» du centre de la capitale. Bien qu'officiellement toujours détenu, il reçoit désormais qui bon lui semble ou presque. Ce matin-là, c'est un groupe d'une dizaine de militants prodémocrates indonésiens qui viennent lui présenter un livre qu'ils lui ont consacré. Certains portent des T-shirts à l'effigie du guérillero grisonnant de 53 ans que les Timorais appellent «le Sage». Une petite cérémonie a été organisée dans la pièce principale, ornée d'un portrait de Jésus-Christ et de la Vierge, ainsi que d'une grande banderole célébrant la prochaine indépendance de l'ex-colonie portugaise annexée depuis 1976 par l'Indonésie. Depuis la fin du régime Suharto en mai 1998, victime de la crise économique, Djakarta