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Libération
Reportage

Il y a quarante ans, la fuite du dalaï-lama. Le Tibet mythique des exilés de la seconde génération. Quatre décennies après la révolte contre Pékin, les Tibétains de l'intérieur et les 120 000 exilés qui ont suivi leur chef en Inde refusent toujours l'occupation de leur pays. Mais à Dharamsala, certains jeunes remettent en cause la non-violence prônée par le dalaï-lama.

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publié le 10 mars 1999 à 0h04

Dharamsala, envoyée spéciale.

«Je me suis enfuie toute seule sans prévenir ma famille, j'ai rejoint un groupe de 35 personnes et nous avons marché pendant trois semaines à travers les montagnes himalayennes avant d'arriver au Népal, cela fait trois semaines que je suis à Dharamsala», raconte Lhakpa Dolma, une jeune Tibétaine de 15 ans, originaire d'un petit village proche de Lhassa. Ils sont 300 à 400 chaque mois à venir trouver refuge dans le centre d'accueil de McLeod-Ganj, le quartier général du gouvernement tibétain en exil, situé à quelques kilomètres au-dessus de Dharamsala, dans l'Etat indien d'Himachal Pradesh.

Passeur. «Une majorité de ces réfugiés repartiront au Tibet après quelques années. Les moines viennent étudier dans les grands monastères bouddhistes indiens. Les jeunes suivent une formation dans les écoles bouddhistes ou les institutions indiennes, 10 à 15% resteront en exil», explique Tashi Norbu, directeur du centre d'accueil. Lhakpa, elle, est décidée à ne retourner au Tibet que quand il sera libre. Serveuse dans un restaurant chinois, elle a économisé son salaire pendant presque deux ans pour payer le passeur (100 dollars) et fuir l'occupation et la répression chinoise.

«Le petit Lhassa indien», comme on surnomme la ville aux 7 000 réfugiés tibétains, est accroché à flanc de montagne. Les drapeaux bouddhistes et celui du Tibet indépendant claquent au vent. Dans les petites cantines tenues par les familles tibétaines, on sert la soupe fumante et les momos (b