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Libération

«La rumeur courait qu'on allait m'enlever». Mars 1959: menacé par la Chine, le dalaï-lama part.

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publié le 10 mars 1999 à 0h04

Le 10 mars 1959, éclate à Lhassa la première grande révolte contre

l'occupant chinois. Elle entraîne, quelques jours plus tard, la fuite du dalaï-lama, qui se réfugie en Inde après un périlleux voyage à cheval à travers l'Himalaya. Pour le pouvoir communiste, dont les troupes occupaient le pays des neiges depuis 1950, l'exil du chef spirituel et temporel du Tibet est une catastrophe. Pékin avait accumulé artifices et faux-semblants pendant les huit années précédentes pour se concilier le dalaï-lama, et légitimer sa mise en coupe réglée du Tibet, allant même jusqu'à lui accorder le poste, purement honorifique, de vice-président du Parlement de la République populaire de Chine. Apprenant la fuite du jeune souverain, Mao Zedong aurait dit: «Nous avons perdu le Tibet.» Dans un certain sens, il n'avait pas tort. Quarante ans plus tard, force est de constater que les Tibétains de l'intérieur, et les 120 000 qui l'ont suivi dans son exil, refusent toujours de se voir purement et simplement absorbés par la Chine communiste.

L'atmosphère entre Chinois et Tibétains est exécrable en ce début mars 1959. La résistance tibétaine fait rage dans l'est du Tibet (Kham), où la population est en révolte contre la collectivisation des terres et la famine qui en découle. La capacité de nuisance de l'Armée nationale volontaire de défense tibétaine, qui a surgi dans cette région, n'est pas négligeable. Le soulèvement, en 1955, de la région du Chamdo, a grossi les rangs des combattants. Au cours des d