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Libération

Le Soudan dans l'impasse humanitaire. MSF met en cause la passivité de l'ONU face aux détournements de l'aide.

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publié le 11 mars 1999 à 0h05

Nairobi, de notre correspondant.

Pour Médecins sans frontières (MSF), il s'agit d'«engager le débat» sur un sujet où le silence est de règle depuis dix ans. Selon MSF, la machine humanitaire au Sud Soudan tourne au détriment des victimes de la famine. «Plusieurs milliers de Soudanais déplacés, principalement des enfants, sont morts de faim dans le sud du Bahr el-Ghazal (province la plus affectée par la famine, ndlr) en 1998, relève MSF dans un rapport de 21 pages. Si la guerre est la cause du déplacement de ces personnes, elle ne peut expliquer pourquoi l'aide humanitaire ne leur est pas parvenue. Combien de temps les agences humanitaires devront-elles continuer à déverser des dizaines de milliers de tonnes de nourriture, sans réelle maîtrise de leur destination finale et sans que cette aide ne permette de sauver ceux pour qui elle est indispensable?» «Bonne conscience». Les Nations unies, visées pour être, depuis 1998, en charge de la vaste opération Lifeline Soudan, viennent de répondre que la «bonne conscience» pour MSF signifierait «plus de morts» au Sud Soudan. Pour MSF, le fait est que le ballet des C-130 chargés des palettes de nourriture à larguer n'a pas touché ses cibles et les 155,5 millions de dollars d'aide alimentaire d'urgence déversés du ciel cet été n'ont pas empêché les cimetières soudanais de se remplir. MSF incrimine les liens qui unissent le consortium humanitaire sous les auspices de l'ONU au régime de Khartoum, d'un côté, et aux rebelles de l'autre.