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Libération

Les desperados de la crise russe. Le ras-le-bol des épargnants spoliés dans les faillites bancaires.

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publié le 11 mars 1999 à 0h05

Moscou, de notre correspondante.

Il est 10 h 30, vendredi, sur la rue Tverskaïa, en plein coeur de Moscou. Dmitri Setrakov, colonel à la retraite de 66 ans, pénètre dans la succursale de sa banque, Rossiysky Kredit. Le gardien le salue. Setrakov est connu. Depuis août dernier, il vient régulièrement réclamer ses 20 000 dollars (120 000 F) d'économies bloquées en raison de la crise financière. Cette fois, l'officier monte directement au premier étage, pousse la porte du bureau de la chef comptable et sort un fusil de chasse: si, d'ici midi, on ne lui remet pas son pactole, il menace de faire sauter la banque. Dans le sac où il a caché son arme, il affirme détenir des explosifs. Dans l'heure qui suit, Setrakov reçoit ses 20 000 dollars. A la police qui bloque les issues du bâtiment, il explique qu'il en a assez des promesses de sa banque et qu'il a absolument besoin de son argent pour payer une intervention chirurgicale à sa femme. Un peu avant midi, il se rend. Avant de lui passer les menottes, les policiers reprennent les 20 000 dollars. Puis ils le font sortir par une porte de derrière. Vérification faite, Setrakov n'avait pas d'explosifs. Il encourt jusqu'à dix ans de prison. Des centaines de milliers de Russes ont perdu tout ou partie de leurs économies avec la dernière crise qui a vu l'effondrement du système bancaire. La grande majorité a réagi avec fatalisme et accepté «l'alternative» proposée: transférer leurs «avoirs» à la Sberbank (la Caisse d'épargne) qui les remb