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Libération

Deuil et émeute au sud de Gaza. La police palestinienne conspuée après la mort de deux jeunes.

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publié le 12 mars 1999 à 0h07

Rafah (sud de la bande de Gaza), envoyé spécial.

Le convoi officiel, à peine engagé dans la rue Baher, rebrousse chemin à la vue d'une foule ivre de colère. Le général Abdel Razik Majaïdi, l'un des principaux chefs de la sécurité palestinienne, venait adresser ses condoléances aux parents des deux adolescents tués la veille par ses soldats. Il fuit, avec sa 4x4 rutilante, sous les sifflets et la menace d'une volée de cailloux. «Ils n'oseront pas revenir», prédit un passant. Un enfant fait mine de chasser l'intrus d'un revers de main. «Ce n'est pas la police qui vient vers nous, mais nous qui allons vers eux», raille un troisième. Depuis la veille, la ville adossée à la frontière égyptienne appartient aux émeutiers. Des barricades de tôles ont été érigées tous les dix mètres. Des pneus achèvent de se consumer. Des projectiles de toutes tailles recouvrent la chaussée. Seules touches de modernité dans cet îlot insalubre, des cabines téléphoniques neuves ont volé en éclat. Les rares voitures doivent emprunter les ruelles tortueuses, sillonnées par des égouts à ciel ouvert, à l'intérieur des camps de réfugiés qui bordent l'artère principale. Des portraits à l'encre baveuse des deux «martyrs» ont été collés sur les murs. Verdict contesté.Abdallah Salameh ne veut pas rencontrer de responsables de l'Autorité palestinienne. «Ce n'est pas le moment de parler, mais d'agir». Il promet de se faire justice lui même si les meurtriers de son frère ne sont pas châtiés. «Celui qui ne se ve