Voilà une révolution rondement menée! Moins de dix ans après la
chute du mur de Berlin, trois des anciens membres du pacte de Varsovie, l'alliance militaire créée par Moscou, adhèrent aujourd'hui à l'Otan, l'organisation rivale et la seule survivante de la guerre froide. Après avoir servi dans une chaîne de commandement qui remontait en droite ligne à un général soviétique, Polonais, Hongrois et Tchèques ont désormais comme commandant suprême le général Wesley Clark, le très Américain chef des forces de l'Otan en Europe. Au-delà du retournement de symbole, c'est une nouvelle carte de la sécurité européenne qui se dessine, au grand dam de la Russie, qui vit cela comme une humiliation (lire ci-contre). Concrètement, le «parapluie» nucléaire américain est étendu à la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, qui, de leur côté, s'engagent à appliquer l'article 5 du traité de Washington relatif à la défense collective en cas d'agression. Une réforme qui exige une profonde mutation des armées de ces trois pays, qui va de l'apprentissage de l'anglais à la modernisation des équipements et l'intégration des «normes» Otan.
Le choix des trois premiers candidats admis n'a pas été aisé: les Etats-Unis ont imposé leurs vues aux quinze autres membres de l'Alliance lors du sommet de Madrid, en 1997, face à ceux qui, comme la France ou l'Italie, souhaitaient inclure la Roumanie et la Slovénie. La question des élargissements suivants reste posée, malgré la ligne officielle de la «porte ouv