Bonn, de notre correspondante.
Question style, on ne pouvait guère imaginer changement plus radical. Le nouveau ministre allemand des Finances, Hans Eichel, 57 ans, est aussi posé, discret et pragmatique qu'Oskar Lafontaine pouvait être impulsif, bruyant et flamboyant.
Au visionnaire, qui faisait la leçon aux banques centrales et imaginait réformer tout l'ordre des finances mondiales, succède un gestionnaire, collé à ses dossiers à la recherche de solutions pratiques. En huit ans à la tête du gouvernement régional de Hesse, Eichel s'est attiré une série de surnoms qui mesurent bien tout son rayonnement: «le Trombone», «l'accro au papier» ou même «la nouille».
La seule touche de couleur du personnage, ce sont ses cravates, persiflent encore les rieurs, qui lui accordent aussi le «charisme d'un hamster en état de léthargie».
De ce naturel un peu triste, Hans Eichel a pourtant su faire un atout, se construisant ces dernières années une réputation de sérieux et de compétence. «Le succès n'a pas besoin de show», disait le slogan de sa campagne électorale de 1995 en Hesse. Le message paraît comme taillé sur mesure pour Schröder, accusé ces derniers temps de briller davantage par ses prestations dans les talk-shows que par ses initiatives politiques.
Hans Eichel arrive à Bonn sur une défaite: son gouvernement a perdu en février les élections régionales de Hesse. De l'avis général, les électeurs ont pourtant voulu sanctionner là les mauvais débuts du gouvernement rouge-vert à Bonn, plutô