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Analyse

La victoire de l'économie. Les patrons voulaient la tête de Lafontaine.

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publié le 13 mars 1999 à 0h07

Bonn, de notre correspondante.

Le scalp d'Oskar Lafontaine a été fêté dans l'euphorie vendredi à la Bourse de Francfort et dans les rangs du patronat allemand. La Bourse a bondi et clôturé en hausse de plus de 5%. «C'est une libération», entendait-on à la corbeille, certains analystes annonçant que le départ du ministre des Finances allait permettre un redressement de conjoncture! Le président de la banque centrale européenne, Wim Duisenberg, s'est même permis un: «Je félicite l'Allemagne.» Cruelle pour un ministre qui se piquait d'être un grand économiste, cette jubilation exprime bien le sens de sa démission: la victoire de l'économie sur la politique. Le départ de Lafontaine démontre ce que chacun pressentait déjà: l'impossibilité, en Allemagne plus qu'ailleurs peut-être, de faire de la politique contre les intérêts de l'économie.

Mondialisation. Les milieux d'affaires ne voulait pas de Lafontaine. Ils ont mis moins de six mois à obtenir sa tête. «On ne peut pas faire de politique contre la mondialisation, explique Ludolf von Wartenberg, secrétaire général du BDI, la fédération de l'industrie allemande. Le keynésianisme que défendait Lafontaine ne peut fonctionner que dans une économie coupée du marché mondial.» Günter Albrecht, économiste au DIHT, la fédération des chambres de commerce allemandes, renchérit: «Le temps des politiques de redistribution est révolu. L'économie s'est rebellée contre une politique qui était en contradiction avec la compétition internationale.»

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