Le président chilien, Eduardo Frei, est arrivé samedi à Paris, sa
première visite en Europe depuis l'arrestation d'Augusto Pinochet à Londres il y a cinq mois. Il est accompagné du ministre des Affaires étrangères, José Miguel Insulza, chargé au sein du gouvernement chilien de la gestion de l'affaire Pinochet. Insulza s'en explique à Libération alors que, depuis cinq semaines, les lords britanniques, qui tiennent entre leurs mains le sort de l'ex-dictateur chilien, restent cloîtrés dans le long silence de leur délibération. Lucia Pinochet Hiriart, fille aînée et principal conseiller du général, a affirmé samedi que son père «reconnaît la justice chilienne ["] et est disposé à se présenter devant celle-ci».
Vous êtes socialiste, vous avez vécu quatorze ans en exil à cause de Pinochet, et pourtant vous le défendez? Expliquez-nous?
Nous ne défendons absolument pas Pinochet. Si vous reprenez les déclarations de nos avocats à Londres, celles du gouvernement chilien ou ce que je dis moi-même, vous ne trouverez pas un seul mot en défense de Pinochet ou de son régime. Mais nous avons assumé les responsabilités du pouvoir en 1990, et personne ne peut demander à un Etat indépendant d'accepter que les tribunaux d'autres pays s'arrogent le droit de juger ce qui s'est produit dans son propre pays. Nous sommes partisans de la justice internationale, et nous avons signé de nombreux traités, dont celui qui crée le Tribunal pénal international (conclu à Rome l'an dernier, ndlr). Mais la justice