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Libération

Arieh Deri, le rabbin qui divise Israël. Les séfarades se mobilisent pour le leader du Shas, jugé pour corruption.

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publié le 16 mars 1999 à 0h09

Jérusalem, de notre correspondant.

Rarement décision de justice aura donné lieu à autant de prières. Arieh Deri, à la veille d'un verdict dont dépend son avenir politique, a reçu la semaine dernière la bénédiction du rabbin Yitzhak Kadourie, le kabaliste centenaire. Dimanche, des milliers d'enfants inscrits dans les écoles de son mouvement, le Shas, se sont rendus, sur leur temps de classe, devant le mur des Lamentations afin d'implorer l'aide du Très-Haut. Partout, rabbins et séminaristes ont lu ces derniers jours des psaumes en sa faveur. «Deri est notre Dreyfus», ont l'habitude de dire ses partisans. Les preuves réunies contre lui importent peu. Aux yeux d'une grande partie du public séfarade, il est la victime d'un complot fomenté par les médias, les juges et l'élite «ashkénaze».

A quarante ans, Arieh Deri est l'une des figures montantes de la vie politique israélienne. Il a su faire de son parti l'une des composantes essentielles de toutes les coalitions qui se sont succédé depuis une décennie. Le Shas, acronyme des Gardiens séfarades de la Torah, recrute à la fois sur une base religieuse et ethnique parmi les juifs originaires du monde arabe. Il possède son propre réseau éducatif, El Hama'ayan, une centaine de yeshivot (séminaires talmudiques) et dix sièges à la Knesset sur 120. Il devrait encore progresser lors des prochaines élections. Son leader conseille le Premier ministre Benyamin Netanyahou. C'est un fin tacticien, un homme brillant, de l'avis général. Mais sa car