Belgrade, de notre correspondante.
Plus la situation au Kosovo se dégrade et moins les Belgradois, pourtant très politisés après dix années de guerre dans l'ex-Yougoslavie, semblent s'en apercevoir. Si on les entend pester, c'est moins contre l'intransigeance du président yougoslave Slobodan Milosevic, ou celle des Albanais du Kosovo, que contre les prix, exorbitants pour des salaires ou des retraites de misère qui, de surcroît, se font attendre. La menace de frappes aériennes ne produit plus la même peur que la première fois, en octobre. A l'époque, les magasins avaient été pris d'assaut, et les autorités avaient distribué des tracts avec l'adresse des abris les plus proches et des indications permettant de distinguer les alertes aériennes des autres.
Cherté de la vie. Sur le plus grand marché de Belgrade, celui de Kalenic, véritable pouls des états d'âme de la population, il n'était pas question hier du Kosovo, de l'Otan, de menaces, de bombardements, de «terroristes» (désignation officielle des séparatistes albanais de l'Armée de libération du Kosovo UCK). Mais de la cherté de la vie et de la piètre qualité de la marchandise. «10 dinars pour cette minable salade fanée, c'est honteux!», ou «vos pommes de terre sont-elles en or pour être aussi chères?», se plaignaient ainsi des ménagères.
Si le printemps précoce contribue à ce climat d'apparente insouciance, la propagande des médias progouvernementaux serbes y est pour beaucoup. La télévision serbe (RTS), la seule captée da