Pékin, de notre correspondante.
Une petite révolution en douceur s'est opérée hier soir, lors de la clôture de la session annuelle du Parlement chinois. Les quelque trois mille députés ont voté à plus de 98% en faveur de la reconnaissance du secteur privé dans l'économie. Un simple amendement de la Constitution qui entérine une situation plus qu'il ne l'autorise, mais qui en dit long sur la nouvelle philosophie du dernier empire communiste.
Sacré retournement, lorsqu'on se souvient que les premières mesures du régime, dès le début des années 50, consistèrent à supprimer propriétaires terriens, industriels et «bourgeois». La notion même de propriété privée finit par disparaître du vocabulaire dans les années 70. Les premiers getihu, entrepreneurs privés, firent une timide réapparition au milieu des années 80, mais furent frappés en 1989 par une politique fiscale très prohibitive, alors que les conservateurs revenaient en force, dans la mouvance de la répression de Tian Anmen.
Encouragé depuis la relance des grandes réformes économiques par le patriarche Deng Xiaoping, en 1992, le secteur privé représente aujourd'hui près de 45% de l'économie chinoise, mais jamais, jusqu'à présent, son statut n'avait été ouvertement reconnu. Il figure désormais dans la Constitution chinoise au rang de «composante importante de l'économie de marché socialiste». Dans la même logique, la «théorie de Deng Xiaoping», qui prônait «l'emprunt au monde capitaliste de ses éléments positifs», a été rajouté