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Libération

Au Kosova, la guerre de harcèlement. L'armée rase les villages en représailles aux embuscades de l'UCK.

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publié le 17 mars 1999 à 0h10

Klina, envoyé spécial.

Fanion macabre planté sur le village, un vol noir de corbeaux croasse sans relâche au-dessus de Sverke. Les abords du hameau sont jonchés de carcasses, troupeaux décimés, et les chiens font ripaille. La veille, une colonne de fantassins serbes, appuyée par des automitrailleuses, a pénétré dans le village. Déserté. Un long pilonnage au mortier avait poussé les civils à l'exode, prévenu les combattants de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) qu'il était temps de décamper. Seul «Dado», vieil Albanais sans âge, a refusé d'abandonner ses bêtes. Et son obstination à rester fut l'unique résistance opposée aux soldats. Il l'a payée d'une sévère correction, administrée à coups de crosse «par un grand costaud». Puis la cohorte a mis le feu à une bâtisse suspectée d'avoir servi d'abri aux indépendantistes, avant de se retirer sur ses positions. De bataille, donc, point. L'heure n'était pas aux actes de bravoure. Dépit, intimidation ou pure bêtise, vaches et moutons ont fait les frais de l'opération.

Les communiqués quotidiens du commandement serbe font pourtant état d'un «succès» des troupes fédérales, qui auraient tués «quatre terroristes» dans la région de Klina. Et l'attaque sur Sverke n'aurait été montée qu'en réponse à «une embuscade» de l'UCK contre des militaires «en manoeuvres d'hiver». Question de perspective. Pour les observateurs de la KVM, mission internationale de vérification du cessez-le-feu signé en octobre, les indépendantistes ont bien tiré sur