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Libération

Tuerie de Racak: le trop prudent rapport. Seule conclusion des légistes finnois: les 40 victimes étaient des civils.

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publié le 18 mars 1999 à 0h11

Pristina, envoyé spécial.

Les faits sont là. Une phrase, au bas du premier paragraphe, sur la troisième page du résumé d'expertise. A l'examen des corps, les légistes finnois chargés de l'autopsie des quarante victimes de «la tuerie de Racak» n'ont trouvé «aucune indication, permettant de penser que ces personnnes étaient autre chose que des civils désarmés». La conclusion s'impose. Les cadavres retrouvés emmêlés dans une tranchée, le 15 janvier, après la prise d'un hameau par les forces serbes, sont ceux de villageois sans défense, et non ceux d'indépendantistes de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) tombés en combattant. Rapport explosif. Les mots, pourtant, manquent au docteur Helena Ranta pour le dire. Anxieuse, mal à l'aise ­ sachant son rapport explosif dans le contexte des pourparlers de paix mals engagés à Paris ­, la patronne des experts scandinaves en souligne les grandes lignes avec une prudence extrême, excluant «le terme de massacre» au prétexte qu'il «ne peut être fondé sur des conclusions médicales, étant une description judiciaire des circonstances entourant plusieurs morts». Une affaire de juriste donc, pas de médecins. La ligne de défense paraît bien faible. Pressée par les journalistes, Helena Ranta balance entre diplomatie et confiance. «Un crime contre l'humanité oui», concède-t-elle dans un souffle. Pour mieux se reprendre. «De mon point de vue, la mort d'une seule personne est un crime contre l'humanité tout entière.» Fin des confidences, réticence